Le Mayflower en Amérique (1620)

Un vaisseau, le Mayflower, parti de Plymouth en Angleterre, arrive en Amérique du Nord en 1620 avec une centaine de passagers, dont des puritains anglais, appelés plus tard Pilgrim Fathers. Après des débuts difficiles, la colonie prospère. Un jour férié, le Thanksgiving, commémore aux États-Unis cette implantation qui a une influence considérable sur la culture américaine.

Un voyage mouvementé

  • "Mayflower dans le port de Plymouth" par William Halsall, 1882
  • Timbre représentant l'embarquement des puritains sur le Mayflower en 1620
    Timbre représentant l’embarquement des puritains sur le Mayflower en 1620 © Private Sammlung
  • Portrait du roi Jacques 1er d'Angleterre et VI d'Ecosse
    Portrait du roi Jacques 1er d'Angleterre et VI d'Ecosse

En 1603, le roi d’Écosse Jacques VI, fils de Marie Stuart, devenu roi d’Angleterre et d’Irlande sous le nom de Jacques 1er, défend l’Église d’Angleterre contre les dissidences. Il fait preuve d’intolérance envers les puritains, considérés comme hors la loi.

En juillet 1620, quelques puritains anglais, voulant pouvoir pratiquer librement leur religion, partent pour émigrer en Amérique du Nord. Deux vaisseaux sont armés : l’un au départ de la Tamise en Angleterre, le Mayflower avec 65 passagers à bord, l’autre venant de Hollande, le Speedwell avec des passagers puritains, réfugiés aux Pays-Bas, la plupart anglais appartenant à la communauté de Leyde. Le rendez-vous est fixé au large de Southampton pour un départ au début août. Une avarie du Speedwell nécessite une réparation à Dartmouth. Après un nouveau départ, une nouvelle avarie survient sur le Speedwell à 200 miles de la côte. Les deux bateaux rejoignent Plymouth où il faut abandonner le Speedwell. Certains des passagers de ce bateau embarquent sur le Mayflower, tandis que les autres retournent en Hollande.

Seul le Mayflower appareille de Plymouth le 6 septembre 1620, dans l’intention de rejoindre la Virginie où se trouvait déjà, depuis 1607, un établissement anglais. C’est un vaisseau à trois-mâts de 180 tonneaux, de 27 mètres de long, équipé de canons, avec 102 passagers à bord – hommes, femmes et enfants – dont environ 35 puritains, plus un équipage d’une trentaine d’hommes.

Pendant la traversée, le bateau est pris par la tempête et, le 9 novembre, atteint le cap Cod, dans dans l’État actuel du Massachusetts en Nouvelle-Angleterre. Le mauvais temps ayant fait échouer une tentative pour rejoindre la Virginie, le Mayflower revient finalement jeter l’ancre le 11 novembre 1620, dans la baie du cap Cod.

Le début de la colonie

  • The Mayflower Compact (1620)
    The Mayflower Compact (1620) © Wikimedia Commons

Avant de débarquer, les passagers masculins tiennent conseil et 41 d’entre eux signent un pacte qui fixe les statuts de la future colonie : le Mayflower Compact. Dans ce document, les signataires font allégeance au roi Jacques 1er d’Angleterre et conviennent devant Dieu et devant chacun d’entre eux de se constituer en un corps politique civil, de concevoir des lois justes et équitables pour le bien de la colonie, auxquelles ils promettent de de se soumettre.

Pendant l’hiver 1620-1621, les passagers restent à bord mais les maladies, la rigueur de la température, le manque de vivres provoquent la mort de près de la moitié de la colonie. L’équipage est aussi atteint. En mars 1621, les passagers débarquent et s’installent dans des huttes tout en organisant leur défense contre une éventuelle attaque des indigènes, sous la direction du capitaine Myles Standish (vers 1584-1656) avec l’aide de Christopher Jones, capitaine du Mayflower. En avril, celui-ci ramène le Mayflower en Angleterre avec les survivants de l’équipage.

Heureusement pour les colons, les Indiens iroquois sont pacifiques et leur enseignent la culture du maïs et la pêche.

Le premier gouverneur élu, John Carver (1576-1621), est un homme d’affaires qui a participé à l’organisation de l’expédition.

Le deuxième gouverneur, William Bradford (1590-1657), élu en 1621 et ensuite toujours réélu jusqu’en 1644, vient des Pays-Bas. Il est l’auteur d’une chronique des trente premières années de la colonie. À l’automne 1621, il organise une fête – le Thanksgiving – à l’occasion de l’anniversaire de leur arrivée, pour remercier Dieu et les Indiens d’avoir pu obtenir leur première récolte. Il institue un jour de repos pour la colonie.

Les colons donnent à leur implantation le nom de New Plymouth qui deviendra Plymouth, du nom du port anglais de départ.

Un épisode fondateur pour les États-Unis

  • Demi-dollar commémoratif du tricentenaire de l'arrivée des
    Demi-dollar commémoratif du tricentenaire de l'arrivée des Pilgrims (pélerins) sur le Mayflower

La colonie créée par les passagers du Mayflower n’est pas la première implantée sur la côte est de l’Amérique du Nord. Mais elle est considérée comme un épisode fondateur de la nation américaine parce que, plus que les autres, elle était porteuse d’un idéal de liberté.

L’influence biblique des puritains a fortement imprégné la culture américaine : ils comparaient la traversée de l’Atlantique à celle de la mer Rouge par les Hébreux et leur installation à celle des Hébreux en Palestine.

Ainsi c’est la colonie de la baie du Massachusetts qui fonde en 1636 l’université de Harvard qui, à son début, est sous l’influence du puritanisme et forme de nombreux pasteurs.

Le Compact a inspiré la Constitution des États-Unis. Le président George Washington (1732-1799) choisit le Thanksgiving pour célébrer la ratification de la Constitution et, en 1863, le président Abraham Lincoln (1809-1865) fixe sa célébration au 4e jeudi de novembre. Le Thanksgiving est férié depuis 1941.

Il est devenu une fête laïque : les familles se retrouvent autour d’un copieux repas comprenant traditionnellement des épis de maïs bouillis ou des pommes de terre et de la dinde.

Le Thanksgiving est aussi célébré au Canada le deuxième lundi d’octobre, en tant que fête des récoltes.

Les puritains du Mayflower sont appelés pèlerins (Pilgrims) en 1793, puis pères pèlerins (Pilgrim Fathers) depuis 1820. La descendance des passagers, considérée comme une véritable aristocratie, est nombreuse ; elle comprend huit présidents des États-Unis.

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