Le protestantisme
dans le monde

Le protestantisme comporte une grande diversité d’Églises qui peuvent être classées en cinq familles principales. La plupart des Églises sont regroupées au sein du conseil œcuménique des Églises en vue d’un témoignage commun.

Les Églises luthériennes : 65 millions de personnes

  • Strasbourg, Église Saint-Thomas
    Strasbourg, Église Saint-Thomas

Le luthéranisme remonte aux origines mêmes de la Réforme et se réclame des trois affirmations centrales du message de Luther :

  • autorité souveraine de la Bible
  • salut par la grâce (et son corollaire, la justification par la foi)
  • sacerdoce universel des croyants.

La théologie luthérienne prend sa source dans l’événement de la croix : l’humanité y rencontre Dieu lui-même, dans la détresse du Christ crucifié qui a accepté d’aller jusqu’au tréfonds de la misère humaine. Désormais, l’être humain est « à la fois pécheur et justifié ». Transformé dans sa rencontre avec Dieu, libéré de l’angoisse de la solitude et des affres du désespoir, il peut s’ouvrir aux autres et se consacrer à leur service. Même lorsqu’elle se réfère au principe des « deux règnes » (temporel et spirituel), la théologie luthérienne valorise l’histoire et le monde comme lieux où Dieu appelle les hommes à s’engager.

Regroupées au sein de la Fédération luthérienne mondiale, les Églises luthériennes vivent en communion ecclésiale. Elles sont néanmoins différemment organisées : certaines, notamment en Scandinavie, ont adopté un fonctionnement de type épiscopalien, conservant une certaine hiérarchie ecclésiastique. D’autres, comme en France, ont adopté un système de type presbytérien-synodal, d’autres encore ont opté pour un fonctionnement intermédiaire entre le système épiscopalien et le système presbytérien-synodal.

Les Églises réformées : 50 millions de personnes

  • Temple réformé de Lasalle (30)
    Temple réformé de Lasalle (30) © O. d'Haussonville

Les Églises réformées se réclament également de Luther mais aussi d’autres réformateurs tels que Jean Calvin, Ulrich Zwingli ou Théodore de Bèze. La théologie réformée met plus particulièrement l’accent sur la toute puissance de Dieu. Celle-ci n’attente pas à la liberté et à la responsabilité du chrétien, bien au contraire : ayant reçu en Jésus-Christ l’assurance de son salut, et se sachant pardonné, il n’en est que plus libre pour conduire sa vie de manière exigeante et responsable, conciliant recherche de Dieu et engagement dans la société pour combattre les injustices de ce monde. La transcendance de Dieu implique en même temps la relativisation de tous les pouvoirs humains, qu’ils soient religieux ou politiques.

La plupart des Églises réformées appartiennent à l’Alliance réformée mondiale. Elles ne se réclament pas d’une confession de foi unique : il appartient à chaque Église de dire sa foi dans l’actualité et le contexte qui sont les siens. Cette acceptation des différences rejoint le souci des réformés de préserver en leur sein un réel pluralisme théologique.

Les Églises réformées sont généralement organisées selon le système presbytérien-synodal, conseil de laïcs dans les Églises locales et assemblées synodales régulières.

Depuis 1973, en Europe, réformés et luthériens vivent en pleine communion ecclésiale à la suite de l’accord théologique de la « Concorde de Leuenberg ».

Les Églises évangéliques : 500 millions de personnes

  • Église évangélique , rue de la Roquette, Paris (75)
    Église évangélique , rue de la Roquette, Paris (75)

Les Églises évangéliques tiennent leurs origines de différents mouvements réformateurs protestants du XVIe siècle, en particulier anabaptistes.

D’une manière générale, ces Églises ont la particularité de ne reconnaître comme membres que celles et ceux qui font profession de foi en Jésus-Christ et qui, en demandant le baptême, font un acte volontaire et personnel de repentance et de foi. Pour cette raison, les Églises évangéliques ne pratiquent pas le baptême des petits enfants. Ce sont des Églises de professants, se distinguant sur ce point des Églises multitudinistes. Par ailleurs, les évangéliques se réclament des grands principes de la Réforme, en particulier le salut par la grâce reçue dans la foi et la « sola scriptura » : parole inspirée de Dieu, l’Écriture est l’autorité unique et suffisante sur le plan théologique.

Dès le début de leur histoire, les évangéliques ont affirmé avec force le principe de la séparation des Églises et de l’État. Ils accordent également autant d’importance à l’évangélisation qu’à l’action sociale : chaque Église est appelée à discerner les lieux de témoignage et de service appelant un ministère diaconal.

Les Églises évangéliques peuvent être organisées selon différents principes (congrégationaliste, presbytérien-synodal, etc.).

Les Églises anglicanes : 70 millions de personnes

  • Église anglicane St Georges, Paris
    Église anglicane St Georges, Paris

L’Anglicanisme remonte au XVIe siècle et se veut une voie moyenne entre foi catholique et foi réformée. La liturgie a été fixée en 1549 dans le Book of Common Prayer et la doctrine dans les 39 articles (1571) et le quadrilatère de Lambeth (1888).

L’Église d’Angleterre est une Église d’État, le souverain étant le chef suprême de l’Église et le Parlement ayant un droit de veto sur les mesures prises par le synode. Mais l’Église prend peu à peu ses distances avec l’État.

Les Églises anglicanes ont un fonctionnement de type épiscopalien (gouvernement par l’assemblée des évêques) et elles revendiquent la succession apostolique.

L’anglicanisme s’est répandu dans le monde en particulier dans les anciennes possessions britanniques. La communion anglicane regroupe l’ensemble des Églises anglicanes autour de l’archevêque de Canterbury. Chaque Église a son gouvernement propre. Tous les évêques se réunissent tous les dix ans à la Conférence de Lambeth. Et les évêques présidents de chaque Église se retrouvent régulièrement au Comité des Primats pour dialoguer et échanger sur les questions rencontrées dans leur Église.

Les Églises pentecôtistes : 200 millions de personnes

  • Église pentecôtiste du Bon Samaritain, Paris
    Église pentecôtiste du Bon Samaritain, Paris

Le pentecôtisme est né de mouvements de Réveil particuliers qui se sont manifestés au début du XXe siècle, aux États-Unis (sous l’impulsion des pasteurs Charles Parham et William Seymour), en Inde et au Pays de Galles (sous l’influence d’Evan Roberts). La volonté des premiers pentecôtistes était de revenir aux sources de l’Église primitive et de revivre l’expérience des temps apostoliques, plus particulièrement du jour de la Pentecôte, lorsque des langues de feu se posent sur les disciples et que ceux-ci se mettent à parler en langues (Actes des Apôtres, chapitre 2).

La particularité théologique des pentecôtistes est de penser qu’en plus de la présence du Saint Esprit dans le croyant à travers la nouvelle naissance, il y aussi un revêtement de puissance communiqué lors d’une expérience particulière appelé baptême de l’Esprit. Celui-ci confère au croyant un don particulier comme le parler en langue, la prophétie ou la guérison divine. Ces dons du Saint Esprit (ou charismes) sont énumérés au chapitre 12 de la première Épître de Paul aux Corinthiens.

Les Églises pentecôtistes se font les témoins de « l’Évangile aux quatre angles » : Jésus sauve, baptise, guérit, revient. Par ailleurs, elles se situent dans la tradition protestante évangélique et baptiste et se réfèrent aux grands principes de la Réforme : salut par la grâce, autorité de la Bible seule, sacerdoce universel.

Le conseil œcuménique des Églises

On peut faire remonter les origines du mouvement œcuménique moderne à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Dès cette époque, en effet, des chrétiens se mirent à prier et à travailler ensemble, par-delà les frontières confessionnelles. Et des mouvements d’avant-garde se formèrent dès la fin des années 1920 pour faire avancer la cause de l’unité de l’Église à travers le monde.

C’est pourquoi, en 1937, des responsables d’Église décidèrent de créer un Conseil œcuménique des Églises. Mais la seconde guerre mondiale éclata et la constitution officielle du COE. fut repoussée jusqu’en août 1948. Sa première Assemblée, qui eut lieu à Amsterdam, réunissait des représentants de 147 Églises.

Depuis, un nombre croissant d’Églises de tous les continents se sont unies dans la quête de l’unité chrétienne. Elles ont jeté des ponts nouveaux par-dessus les séparations anciennes. Parmi ses membres, le COE compte aujourd’hui presque toutes les Églises orthodoxes, de nombreuses Églises protestantes historiques issues de la Réforme – Églises anglicanes, baptistes, luthériennes, méthodistes, réformées – et un large éventail d’Églises unies et indépendantes.

La plus grande Église chrétienne du monde – l’Église catholique romaine – n’est pas membre du COE, mais elle travaille en étroite collaboration avec lui depuis plus de trente ans et envoie des représentants à toutes les grandes conférences du COE, aux sessions de son Comité central et à ses assemblées. Le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens désigne douze représentants à la Commission « Foi et constitution » du COE et coopère avec celui-ci à la préparation du matériel de la Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens, destiné aux communautés paroissiales.

Le Conseil œcuménique n’a nullement pour objectif de créer une super-Église mondiale ni d’uniformiser les expressions cultuelles. Il cherche à approfondir la communion qui existe entre les Églises et communautés chrétiennes, de sorte que chacune discerne chez l’autre des expressions authentiques de « l’Église une, sainte, catholique et apostolique ». À partir de là, il devient alors possible de confesser ensemble la foi apostolique, de coopérer dans la mission et le service à l’autre et, parfois même, de partager les sacrements. Tous ces actes de communion concrétisent la base du COE qui proclame que le Seigneur Jésus-Christ est « Dieu et Sauveur selon les Écritures ».

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