L’enseignement protestant

L’histoire de l’enseignement au XIXe siècle est marquée par de profonds changements dans son organisation par l’État et son rayonnement. Des lois fondamentales sont adoptées et de nouvelles pédagogies sont mises en œuvres, dont beaucoup avaient été conçues au XVIIIe siècle. Les protestants ont été associés à ces changements, du fait d’exigences propres au protestantisme en matière d’enseignement.

Un enseignement pour les protestants

  • Vente au profit de la Société de l'Instruction primaire
    Vente au profit de la Société de l’Instruction primaire © Société Évangélique de Genève

La communauté protestante souhaite, par l’intermédiaire de différentes sociétés bibliques, la création d’écoles protestantes, afin de permettre à tout protestant d’avoir un rapport personnel à l’Écriture. Le secrétaire de la Société pour l’encouragement de l’instruction primaire parmi les protestants de France (SEIPF), fondée en 1829, écrit en 1830 qu’il faut que « chaque protestant puisse lui-même lire l’Évangile, méditer et juger par lui-même les sublimes vérités et les divins enseignements qu’il renferme », effort qui vient « se briser aujourd’hui contre l’ignorance absolue d’une grande partie de notre population » (cité par J.-Cl. Vinard, Les écoles primaires protestantes en France de 1815 à 1885, Montpellier, 2000).

Les politiques scolaires

  • Ferdinand Buisson (1841-1932)
    Ferdinand Buisson (1841-1932) © S.H.P.F.

On rappelle ici les jalons essentiels des politiques scolaires du XIXe siècle, cadre dans lequel évoluera l’action des protestants.

La loi du 28 juin 1833 de Guizot est un élément essentiel de cette évolution. La loi oblige les collectivités à créer trois types d’établissements : une école primaire dans chaque commune, une école primaire supérieure (EPS) dans chaque chef-lieu de département ou dans chaque ville de plus de 6 000 habitants, une école normale dans chaque département. La loi reconnaît la liberté d’enseignement, puisque ceux qui ont les titres requis ont la liberté d’ouvrir une école primaire, mais tous les établissements, publics ou privés, restent sous le contrôle des comités de surveillance communaux ou d’arrondissement. Les années suivantes verront la création d’un corps d’inspecteurs scolaires, la réglementation des « salles d’asiles » (ancêtres de nos écoles maternelles) et des cours d’adultes qui s’étaient multipliés, enfin la création – facultative – d’écoles primaires pour les filles. Cependant, l’enseignement élémentaire n’est ni laïc, ni obligatoire, ni gratuit, principes qui seront proclamés par la Révolution de 1848. La loi Falloux (mars 1850) établit la liberté de l’enseignement secondaire, supprime les EPS, et accroît les prérogatives scolaires de l’Église.

La politique scolaire de la IIIe République, avec Jules Ferry et le protestant F. Buisson, alors directeur de l’Enseignement Primaire (cf. les protestants et l’enseignement républicain), institue la gratuité de l’enseignement primaire (juin 1881), son obligation pour les enfants de 6 à 13 ans et la laïcisation des programmes (mars 1882), l’éducation religieuse étant remplacée par l’instruction morale et civique. La loi de séparation de l’Église et de l’État est votée le 9 décembre 1905. Comme on le sait, les protestants s’y rallient, et « à la différence des catholiques qui multiplient leurs écoles, ils font tant de confiance dans l’école laïque naissante qu’ils ferment leurs écoles normales, sauf celle de Boissy-Saint-Léger, et la plupart de leurs écoles primaires » (Marc Bœgner, cité par J.-Cl. Vinard).

Beaucoup d’initiatives privées ont vu le jour dans des domaines qui n’étaient pas pris en charge au sein de l’enseignement public : des écoles maternelles, mais aussi des établissements d’enseignement technique. Ces expériences souvent remarquables ont été fort utiles au développement de l’enseignement public.

Bibliographie

  • Livres
    • VINARD Jean-Claude, Les écoles primaires protestantes en France de 1815 à 1885, Montpellier, 2000

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